Commençons par la mauvaise nouvelle qui est aussi - pour l'instant - la performance du jour. Xavier Laszcz vient d'échouer aux portes de la finale dans le 2 500$ No Limit Deuce to Seven. Une dixième place remarquable pour Xavier dans un tournoi de très haut niveau, récompensée par 6 292$.
Il nous raconte :
"Dans mon dernier coup, je me retrouve à tapis avec un tirage à 8 et l'adversaire contre qui je joue a le même. Sauf que je touche un roi et lui un 5. Mais c'était un beau tournoi avec de très bons joueurs comme Phil Ivey, Freddy deeb ou encore Layne Flack. En revanche, Vanessa Rousso n'a aucune idée de comment jouer. Elle a tout de même fini par sauter 17e après avoir commis trois erreurs de suite mais vraiment, elle n'avait pas sa place dans les trois dernières tables. En bref, je suis forcément très déçu mais bon, ça ne va pas m'empêcher de ré-attaquer demain avec le Mixed games à 10 000$."

Dans l'event 9, le 1 500$ No Limit Holdem en six-handed, Ludovic Lacay possède le double de la moyenne avec un peu plus de 60 000 chips. "SirCuts" est toujours aussi doué pour monter des jetons...

Dans l'event 7, un autre 1 500$ NLHe, les chances tricolores sont défendues par Stéphane Tayar, qui s'accroche avec un petit tapis de 70 000. Peu de mains pour le Français si ce n'est "une paire d'as que j'ai min-raisée et tout le monde a passé, pfff". Il reste 85 joueurs sur les 2 791 du départ !

Dans l'event 10, le PLO/PLH à 2 500, les espoirs français sont en berne, Fabsoul a chuté après plusieurs mauvais coups consécutifs de 26 000 à 7 000. Eric Koskas, Georges Djen et Michel Leibgorin ont été éliminés. ElkY se maintient avec un faible stack de 5 000. Michel Abecassis et François Montmirel sont aussi en course avec des stacks réduits.

Ca illustre assez bien l'état des troupes dans le 2 500$ PLO/PLH, non ?

Il est des choses qui semblent prévisibles... Steve Sung vient de remporter le "donkament" à 1 000$, prouvant ainsi que malgré les 6 000 joueurs du départ et une structure assez rapide, un pro pouvait s'imposer.

Avec ses deux rois, Sung n'a fait qu'une bouchée de la paire de 8 chez Vilandos. Et il est très content d'avoir gagné (si, si, regardez, il esquisse un sourire avec son zygomatique gauche)

On parle beaucoup des sharks dans le poker, mais les snakes sont tout aussi redoutables. Témoin, ces deux spécimens détenteurs d'un titre de champion du monde :

Old Fashion pour Amarillo Slim : le crotale gueule ouverte tué à coups d'éperons...

Techno pour Greg Raymer avec les yeux de sauriens fluos !

On dit souvent que le Stud est l'ancêtre du poker car on y jouait effectivement il y a belle lurette. Et quand on voit Freddie Ellis, gros chip leader dans la finale du Stud à 10 000$ - il a deux fois le tapis du second -, on se dit que décidemment, rien ne remplace des années de pratique :

Freddy, la force tranquille : "Qu'ils y viennent les ptits jeunes... Qu'ils y viennent !"

Ses deux derniers adversaires sont Eric Drache - un grand homme du poker, celui qui a notamment pensé à créer des satellites pour les WSOP dans les années 70 puis eu l'idée de mettre des ante dans les structures de tournois ; il a de même géré de nombreuses poker room à Vegas - et Ville Wahlbeck.
Max Pescatori quant à lui a été éliminé à la quatrième position.

L'italien repart tout de même avec la bagatelle de 108 000$ pour sa performance.

Ils ne sont plus que trois dans la finale du NLHE à 1 000$ : Panayote Vilandos, James Matz III et l'innénarrable Steve Sung, aussi connu pour son amour du craps que pour son agressivité à la table. D'aucuns parleront d'une façon de jouer un peu dingue, ce qui est le cas parfois, mais force est de constater que la technique de l'américain marche fort bien, puisqu'il possède plus de la moitié des chips de sa table.

Ce jeune joueur de 25 ans a en effet éliminé trois joueurs en finale, dont Dan Heimiller, 6e, (A-K chez Dan et A-Q chez Sung, et pan la dame au flop !) et poursuit sa route tel un rouleau compresseur, lachant rarement un coup dans lequel il entre.

Un premier bracelet en vue pour Steve Sung, qui a déjà près de deux millions de dollars de gains en tournoi ?

A 22 ans, Jason Mercier réussit l'exploit de remporter un bracelet dans le Pot Limit Omaha à 1 500$. Il bat Steven Burkholder dans ce coup (à ce moment, Jason a un peu moins de deux fois le stack de Steven) :

Jason limpe de SB - et donc du bouton -, Steven relance à 48k de la BB. Payé.
Flop : . Les deux joueurs se sur-relancent jusqu'à être tous deux à tapis. Jason ouvre pour un brelan de valet et Steven montre pour le même brelan avec un meilleur kicker.
Une dame au turn et un roi à la river scelleront le destin de Mercier, qui termine en full house ("Il avait tout de même 35% de chance de remporter le coup au flop", commente Benjo)

L'an passé, ce jeune joueur américain - alors tout juste autorisé à jouer dans les casinos - avait déjà fait parler de lui en cashant quatre fois sur le circuit WSOP (une fois à Londres en PLO et trois fois à Vegas en NHLE et NLHE six handed). Il avait également remporté l'EPT de San Remo la même année.

Jason Mercier remporte donc la gloire et 237 000$ bien mérité ! Le début d'une carrière très prometteuse...

Andy Black hier :

Andy Black cet après-midi dans le PLO/PLHE :

Un side bet perdu ? Sa femme qui a râlé ? Une envie de se sentir propre ? Une idée marketing ? On ne connaitra probablement jamais les raisons de ce grand changement d'une importance si capitale - mais j'ai hâte de voir ce qu'il nous réserve dans les jours à venir : bouc, moustache, collier à la Robert Hue ? -

Jason Mercier et Steven Burkholder se retrouvent en heads-up dans la finale du PLO 1 500$. Une revanche entre les deux hommes après l'énorme coup disputé hier qui avait permis à Burkholder de prendre le chiplead. Pour mémoire, Mercier avait tenté de bluffer son adversaire alors que celui avait flopé un carré d'as...

Les deux rivaux qui possèdent des stacks identiques avec une vraie profondeur de tapis, se livrent un duel de grande qualité. Ils ont précédemment conclu un discret deal pour se répartir le prizepool. Mais plus que les quelques dizaines de milliers séparant la première place de la seconde, ce qui compte vraiment c'est le BRACELET.

D'un coté Jason"Kheops"Mercier, qu'on ne présente plus...

De l'autre, Steven Burkholder l'homme qui dégaine des carrés plus vite que son ombre

Nolan Dalla, en plus d'être un journaliste poker émérite et auteur de la remarquable bio de Stu Ungar "Joueur né", est également le directeur des médias et de la diffusion TV des WSOP. Nous lui avons logiquement posé quelques questions sur ces championnats du monde qui s'annoncent, une fois de plus, comme un véritable succès :

Depuis combien de temps travailles-tu aux WSOP ?

Je suis directeur des médias depuis 2002 mais j'ai commencé à travaillé sur le circuit pro bien avant puisque je suis les WSOP depuis 1987. A l'époque, je faisais des photos, du coverage et des interviews en vrai fan. (ndlr : Fabrice Soulier se souvient d'avoir vu Nolan il y a plusieurs années prendre des photos autour d'une table finale d'un tournoi à 500$ qu'il jouait à Tunica avec Phil Ivey)

Ton plus beau moment aux WSOP ?

Il y en a beaucoup mais ce que je préfère c'est voir un joueur ému aux larmes quand il reçoit un bracelet en or. J'aime voir que remporter un tournoi représente beaucoup et qu'il respectent de cette façon la longue histoire de ces championnats. Je me souviens particulièrement de John "gentleman" Gale qui était arrivé runner-up d'un tournoi en 2005 et qui avait eu beaucoup de mal à digérer sa défaire. L'année suivante, il avait remporté un Event et on lisait dans ses larmes que cela comptait vraiment pour lui. Il y a deux jours, Tom McEvoy a lui aussi été profondemment ému de remporter le "Tournoi des champions" parce que c'était une victoire qui comptait infiniment pour lui. Et ça, c'est vraiment ce qui me plait le plus.

Ton pire moment ?

J'ai été très triste de quitter le "Horseshoe" du Binion's (ndlr : là où se jouaient les WSOP avant le Rio) le dernier jour du Main Event de 2004. C'était un endroit chargé d'histoire, un lieu spécial qui signifiait beaucoup de choses pour les joueurs et les organisateurs. Mais les championnats du monde commençaient à prendre une telle ampleur qu'il était impossible de faire autrement. Il fallait un lieu plus grand et plus ambitieux. Mais j'ai toujours un pincement au coeur quand je repense à cette salle.

Qu'en est-il du choix de ne diffuser que quatre tables TV cette année ?

C'est la volonté d'ESPN (ndlr : la chaine US qui diffuse les WSOP). Mais en terme de volume d'heures diffusées, c'est même un peu plus que l'an passé. Sauf que cette année, ESPN se concentre surtout sur le Main Event, qui constituera à lui seul la plus grande partie des émissions. Car l'an passé, la finale en novembre a rassemblé le plus grand nombre de spectateurs jamais atteint par un programme de poker. Nous allons donc renouveller l'expérience cette année, en rajoutant trois tournois : le 40 000$, le "Tournoi des champions" et le "Ante Up for Africa" (ndlr : un tournoi caritatif).

Et quand est-ce que l'on voit des tournois WSOP partout dans le monde ?

Quand il y a deux ans nous avons décidé de faire l'évênement à Londres, la réaction des joueurs, de l'organisation et de la presse a été très positive. Jeffrey Pollack (ndlr : le commissionaire, une fonction très élevée dans l'organisation des WSOP) a une vraie volonté de créer des tournois WSOP partout dans le monde et, bien que rien ne soit encore signé - souvent pour des problèmes de législation relatifs aux pays concernés -, nous y travaillons dur.

Tu penses quoi du fait que ce soit la crise partout mais que cela ne semble pas toucher pas le poker ?

Je ne peux pas me l'expliquer. Vraiment, je ne comprends pas comment nous pouvons avoir autant d'inscrits (ndlr : depuis le début, chaque Event compte plus de joueurs que le même l'an passé). Peut-être que cela montre à quel point les gens sont prêts à tout pour réaliser leur rêve...

Merci Nolan pour ces réponses - et ta légendaire gentillesse - !