Dans la vie, il faut savoir se fixer des objectifs. Comment sinon savoir dans quelle direction aller et ensuite garder le cap pour mener le bateau à bon port ? Il arrive souvent que l’on s’arrête sur la route, ou que l’on ne puisse pas arriver à la destination rêvée mais l’essentiel est de garder un idéal raisonnable en tête.
C’est pour cela que lorsque mon année poker 2011 a débuté, j’avais décidé que ma destination serait "top 10 mondial". Rien que ça. J’avoue que je n’y croyais qu’à moitié et que je me serais contenté de moins bien. Mais c’est arrivé.
En effet, après la gagne du Horse Championship aux WSOP, la 3e place au Partouche et à l’EPIC, et quelques jolies places aux EPT entres autres, je me suis retrouvé propulsé depuis plus de 4 mois dans ce fameux top 10 mondial (j’étais même en 3eme place début juillet dans le Global Poker Index de l’EPIC poker League) qui prend en compte les résultats des 3 dernières années. Quelle fierté et quel bonheur que d’être exactement là où on a envie d’être ! Même si, je ne suis resté top 3 que quelques semaines, puisqu'à la tête du classement est en ce moment occupé par les intouchables: Seidel, ElkY ou Jason Mercier, qui forment, plus qu’un podium, une sorte de sainte trinité invincible du poker en tournoi, je ne perds pas espoir d’y revenir et de monter même plus haut, pourquoi pas !
Le classement étant mis à jour en permanence en fonction des résultats sur les 36 mois précédents, il va me falloir faire une grosse perf’ très prochainement pour pouvoir y rester, ce que je compte bien faire dans les prochains mois !
Malheureusement, mes derniers tournois ont été une succession de coups du diable et autres set up qui font que même faire ITM me semble être un objectif inaccessible… Les seuls coups que je gagne sont les conséquences soit d’un bluff, soit d’un bluff catch. Je ne peux jamais value puisque je n’ai jamais la meilleure main… Pas facile de se battre dans ces conditions.
Mes proches me disent souvent "Arrête de whine, vu ce que tu as gagné récemment" mais mes précédents gains ne calment pas mon envie de gagner et pas du tout ma colère de sauter d’un tournoi sur un bad beat ou un gros set up.
J’étais par exemple le week-end dernier à Tanger, pour tester le Poker Million, et j’ai sauté dans un pot énorme avec KK sur K-8-T tricolore face à QQ qui fait runner-runner quinte… De quoi avoir envie de plonger tout habillé en pleine nuit dans la mer juste en face de l’hôtel…
C’était la première fois que je venais à Tanger (dont la Kasbah et le souk sont plutôt sympas à visiter) et j’ai apprécié de sortir du vol d’Amsterdam pour me retrouver direct sous un soleil à 25°… Petite parenthèse sur la Venise du Nord et son Master Classics : beau tournoi à 5000 euros, field plus aggro et difficile qu’un EPT (merci les petits jeunes venus des pays nordiques tous proches), structure rapide mais agréable en revanche règlement parfois absurde…
C’est ainsi par exemple qu’un joueur a demandé dans un très gros pot à spread le pot afin d’évaluer le nombre de jetons qu’il contenait. Ce à quoi le croupier à répondu "Je n’ai pas le droit". "Comment ça vous pouvez pas étaler le pot pour que je puisse voir combien il y a dedans?" "C’est la rêgle". Nous étions tous perplexes à la table quand le floor est arrivé et nous a finalement dit "qu’on pouvait spread un peu le pot mais pas trop". Jolie réponse! Merci pour la précision. De même, on connait tous le coup de la ligne : tes jetons dépassent, même encore en main, et ils sont perdus pour toujours, malgré toute ta bonne foi. Pas de redraw pour le day 2 ! Et il y en a beaucoup d’autres…

Amsterdam sous le soleil...
Si j’avais une critique à faire, c’est donc sur ce point que je la ferais : la rigueur nordique ça a du bon, sauf quand les règles sont mauvaises… Et c’est sans compter que faire intervenir un peu de bon sens dans le règlement, c’est pas mal non plus… Quoiqu’il en soit, j’ai sauté à 10 places de l’argent après m’être battu short stack pendant des heures ; that’s poker !
Pour revenir sous le soleil de Tanger, je dirais que j’ai apprécié l’organisation et le tournoi en lui-même, tout comme l’accueil qui nous a été fait. En revanche, quelle difficulté que d’attaquer un tournoi à 22h30 ! J’avais l’impression d’être revenu au début des années 2000, dans les cercles, desquels je sortais au petit matin… Il faut dire que l’ambiance (survoltée, bavarde et enflammée) y fait aussi beaucoup…

Ciel voilé à Tanger : les images ne reflétent pas toujours la réalité...
On s’habitue rapidement, en tant que joueur pro, au confort. Et c’est vrai que les horaires de "bureau" (jouer de midi à 21h) sont très appréciables… Ca permet au moins de ne pas complètement vivre à l’envers. Et d’avoir l’air en meilleure santé. Récemment, j’ai croisé de vieilles connaissances que je n’avais pas vues depuis une dizaine d’années et qui m’ont dit que j’avais l’air d’avoir rajeuni. Tu m’étonnes, à l’époque, ma peau était vert pâle : je ne voyais jamais le soleil !
Et à propos de soleil, j’attends avec enthousiasme le prochain St Martin Open qui allie les plages de sable fin des Caraïbes et des petits tournois fort sympathiques qui te donnent l’impression de jouer en vacances ! Parce qu’ensuite ce sera Prague, et que malgré la beauté des events qui m’y attendent (EPT et WPT) et de la ville en elle-même, ça ne sera pas la même ambiance…
Pourvu donc que la chance soit au rendez-vous, que ce soit par 30° à l’ombre ou -5° au soleil !
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