Un cauchemar. Voilà le premier mot qui me vient en tête pour résumer ces WSOP 2010. Un cauchemar sans fin de paires d’as craquées, de brelans perdus, de tirages ratés dans tous les sens, de mauvais timing et de confrontations malheureuses difficiles à éviter. Jusqu’à maintenant, je n’ai rien pu faire du tout, si ce n’est garder espoir et continuer à me rendre sur les tournois le fusil à l’épaule tous les matins.
Une main plutôt drôle résume parfaitement ce bad run :
Nous sommes dans le HORSE à 10 000$ au bout de quelques heures de jeu, quand vient ce coup de Stud High. Je commence avec 8, 9 et 10 de coeur et je paye une relance d’un joueur qui a un As en vitrine. Je touche la dame de coeur à la quatrième qui me donne un tirage quinte flush, l’autre joueur prend un 7.
Maintenant j’ai une main tellement forte que je prends le lead sur la main et le relance. Roi de carreau à la 5e je continue et bet il paye. 6e, je prends une brique et lui un valet, je mise, il paye.
7e carte il checke, je mise blind, il me paye et m’annonce "Seven for low". Mon regard se tourne alors vers les plaques posées sur la table qui désigne le jeu en cours… "Mais nous jouons en Stud high !" lui dis-je. Lui : "Oh no ! Sh** ! I was playing the wrong game !". Je regarde ma dernière carte et c’est un horrible 2 noir. "Hauteur As me bat".
Il gagne le coup contre moi en ayant joué tout du long au mauvais jeu. Et là, j’ai compris que ces WSOP seraient difficiles…

Le côté positif c'est que j'aurais fait de l'exercice :
j'ai passé plus de temps debout à marcher (vers la sortie) qu'assis à jouer (vers la finale)
Se prendre claques sur claques entraîne forcément une baisse de confiance. Je vois un flop avec les as en NLHE et je tremble. J’ai AsAQsJ en Omaha sur un flop A 4s 5s contre 36KK et je tremble. Ca ne m’empêche pas de jouer ces coups à fond, évidemment, mais émotionnellement, ce n’est pas facile. En un mois, j’ai perdu trop de coups dans lesquels j’étais ultra-favori. Mais je garde confiance. Ce n’est pas comme si je m’envoyais en l’air ou si je tiltais. J’attends mon heure.
J’aurais pu être deux fois ITM si j’avais joué pour gagner 3 000$. Mais ce n’est pas le cas. Si l’an passé j’avais aligné sept cashes (dont une finale de HORSE), cette fois, j’ai envie de faire un gros score. Je me moque d’un résultat supplémentaire à 2 000$ : je veux au moins une table finale. Et je joue en conséquence…
Et je ne parle même pas de la grippe/toux/rhume qui me colle depuis deux semaines à cause de leur climatisation absurde et glaciale à longueur de journée. Cherry on ze cake.
S’il y a quelque chose dont je m’en veux, c’est de ne pas avoir fait comme l’an passé : prendre une semaine loin du poker pour se reposer et se vider la tête avant le marathon WSOP. J’avais passé quelques jours à Miami pour prendre de l’avance sur le décalage horaire et mon programme avait été constitué exclusivement de farniente et de repos, ce qui m’avait permis d’attaquer les championnats du monde calme et alerte.
On croit souvent que nous sommes tout le temps en vacances. Mais voyager n’est pas synonyme de vacances. Au contraire ! Enchaîner les tournois et les compétitions (avec le stress et la tension nerveuse engendrés), le tout entrecoupé de missions de production vidéos, du boulot demandé par MadeInPoker, et de l'ouverture du marché français online avec Everest fait que je n’ai pas pris de semaine de relâche depuis des mois. Grave erreur…
Il me reste toutefois encore de beaux tournois au programme, dont le 10 000$ Omaha et le Main Event, qui sont les deux tournois que j'attendais avec le plus d'impatience. Et tant qu’à faire un seul résultat, autant que ce soit dans ceux-là non ?
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Good luck!