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Industrie du poker : cinq tendances 2009/2010


Opinions
Par Cyril Fievet   
Mardi, 22 Décembre 2009 13:05
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Retour sur cinq tendances importantes pour l'industrie du poker, qui ont émergé en 2009 et devraient compter en 2010.

 

1. Tournois live : les nouveaux circuits prennent du poids

2009 a confirmé le succès des grands circuits existants, mais aussi l'essor d'événements moins ambitieux et néanmoins attractifs. C'est notamment le cas en Europe où, même si l'European Poker Tour de PokerStars demeure incontournable, les alternatives se multiplient.

emopLes European Masters of Poker, créés par le réseau Entraction, sont ainsi parvenus à s'imposer en une seule saison. Avec des tournois plus accessibles (1 000 à 1500 euros) et des fields de 250 à 400 joueurs lors de la Saison 1 les EMOP ont confirmé qu'on pouvait séduire les joueurs européens avec des événements simples et moins coûteux. Le Tour comptera presque deux fois plus d'étapes pour sa saison 2. Plusieurs sites de poker ont également sû tirer leur épingle du jeu, avec des événements live de plus en plus appréciés. C'est notamment le cas d'Unibet avec son Unibet Poker Open, qui constitue désormais un rendez-vous régulier pour les joueurs européens (cinq étapes en 2010 dont une, pour la première fois, en France), de Titan Poker (Euro City Poker Tour, deux étapes en 2009, en Autriche et à Malte) ou encore de ParadisePoker (ParadisePokerTour, trois étapes prévues en 2010, en Hongrie, en Espagne et en Bulgarie) et de Betfair (Betfair Poker Live qui, après Kiev, passera à Vienne en 2010). Il faudra également compter avec le World Poker Tour, jusqu'alors peu présent hors des Etats-Unis mais dont les étapes se sont multipliées en 2010 (Venise, Chypre, Marrakech, Barcelone, Slovaquie...). "Il y aura davantage d'étapes internationales, qu'il s'agisse d'événements télévisés ou non", assurait Adam Pliska, le nouveau président du WPT, sur le blog de PartyPoker, annonçant "au moins quatre nouvelles destinations" pour le Tour hors des Etats-Unis, dont deux en France.

Même si beaucoup de joueurs se plaignent du trop grand nombre de tournois, cette tendance devrait se confirmer en 2010 et les joueurs européens disposeront d'une palette d'événements live plus étendue que jamais.

 

2. Interfaces : le boom attendu du poker sur mobile

Bien que cela paraisse encore marginal, plusieurs opérateurs de jeu en ligne ont montré cette année leur intérêt pour les plates-formes mobiles.

cake_mobileLes opérateurs de paris sportifs semblent disposés à s'engouffrer dans la voie du mobile. Betfair à annoncé la sortie prochaine de sa solution pour mobile, tandis que Bodog offre déjà un client, limité pour l'instant aux jeux de casino et paris sportifs, pour les Palm et autres Blackberry. Unibet propose par ailleurs de parier via un iPhone et, en France, le PMU a ouvert en décembre ses services mobiles, sur iPhone et Android. Logiquement, le poker devrait suivre. Après quelques tentatives marginales de la part de petits sites, Cake Poker a été le premier opérateur de poker en ligne important à proposer ce type d'interface, qui recrée quasiment toutes les caractéristiques d'un site de poker sur un mobile (équipé de Windows Mobile 5). Et en novembre, PokerStars a annoncé l'acquisition de Cecure Gaming, une entreprise spécialisée dans le développement de jeux et d'interfaces pour mobiles, laissant présager l'apparition prochaine d'une interface dédiée aux mobiles de la part du géant du poker en ligne.

Le poker, au moins sous certaines de ses formes (Sit'n Go, Heads-up...) paraît bien adapté aux plates-formes mobiles. Une généralisation à court terme de ce type d'offres semble donc très prévisible, et pourrait conduire à l'émergence de nouveaux usages, qui gagneront certainement en popularité dès l'année prochaine.



3. Médias : le poker devient une star mais les médias traditionnels doivent se réinventer

Partout dans le monde, la médiatisation du poker s'est fortement accrue en 2009.

C'est en particulier vrai à la télévision, qui s'est emparé, avec un brin d'opportunisme, de la "pokermania". Des Etats-Unis à l'Australie en passant par l'Europe, on a vu fleurir cette année plus d'une dizaine d'émissions de TV et/ou de TV réalité sur le thème du poker. A cela s'ajoute les émissions "cultes" (Poker After Dark, High Stakes Poker...), dont le succès ne se dément pas, et la retransmission des grands événements (la finale WSOP, difusée sur ESPN, a attiré 2,1 millions de téléspectateurs). En France, au moins deux chaînes de TV entièrement dédiées au poker ou aux jeux d'argent devraient voir le jour en 2010.

france_soirDans la presse, le traitement du poker s'est grandement amélioré, même si les passionnés sont encore déçus par le traitement qu'en font les médias généralistes. Plusieurs journaux, magazines ou sites d'information généralistes ont malgré tout créé leurs rubriques poker en 2009 et la présence d'un Français en finale des World Series a fortement contribué à faire parler du poker de façon positive.

Pour autant, le paysage médiatique du poker est complexe, concurrentiel et pas forcément florissant. En France, la presse magazine spécialisée ne parvient pas à capter une audience significative et demeure marginale. Sur le Web, les sites d'information se voient confrontés à une nouvelle forme de concurrence, provenant des sites de jeu. La plupart des sites organisant des événements live ont recruté des journalistes et photographes et assurent eux-mêmes le coverage de leurs tournois, d'une façon quelque peu inédite dans le monde du journalisme et des médias. Enfin, les joueurs eux-mêmes, via les outils sociaux les plus populaires, Twitter et Facebook en tête, sont en prise directe avec leurs fans et produisent du contenu mis à jour en permanence. Comme le soulignait Joe Sebok, joueur professionnel et créateur du site d'information PokerRoad, dans Inside Poker Business, "Le coverage du poker va dans la direction du contenu généré par l'utilisateur [...] Nous travaillons sur la mise en place de codes dans les fils Twitter, permettant aux utilisateurs d'indiquer leurs chip counts, pour les intégrer directement dans des graphes visualisant l'évolution en temps réel. C'est la beauté de Twitter, les joueur pros assurent eux-mêmes l'écriture du coverage".

La popularité croissante du poker, aidée par la législation d'ouverture du marché, va sans doute encore fortement accroître sa médiatisation. Mais le paysage médiatique du poker, en particulier en France, est loin d'être mature. Les médias du poker devront se professionnaliser pour vraiment atteindre un public large, et savoir innover pour se différencier.



4. Réglementation : le flou persiste, mais pas pour longtemps

L'année 2009 a été particulièrement marquée par les débats législatifs relatifs aux jeux d'argent sur Internet, notamment en France et aux Etats-Unis.

pcrimeEn France, la loi d'ouverture et de régulation du marché a été votée mais la date de sa mise en application, après validation par le Sénat et navette parlementaire, demeure incertaine. Aux Etats-Unis, l'entrée en vigueur définitive de l'UIGEA a été reportée jusqu'en juin 2010 et un projet de loi, rédigé par le représentant Barney Frank, propose de contrer ce texte par une ouverture maîtrisée du marché des jeux.

La route est donc encore longue pour parvenir à une véritable ouverture et, en particulier, pour que le poker en ligne sorte d'une "semi-illégalité" aussi absurde qu'incohérente. Outre les processus législatifs, longs et complexes, le lobbying de la part des groupes industriels et des associations de joueurs va se poursuivre en 2010. D'une façon ou d'une autre, il est très probable que le poker en ligne finisse par être pleinement légalisée, dans la plupart des pays d'Europe et aux Etats-Unis.

L'année prochaine sera à nouveau marquée par des débats nourris sur la légalisation du poker en ligne. Mais la situation n'évoluera sans doute que peu, ou alors au cours du deuxième semestre. La légalisation du poker, et ses effets les plus perceptibles, ne deviendra une réalité que fin 2010, début 2011.



5. Industrie : l'ère de la consolidation et l'affrontement des géants

Cette année a été marquée par les fusions/acquisitions dans l'industrie du jeu d'argent.

big_smallPour ne parler que du poker, on a vu PartyGaming s'emparer du World Poker Tour, Mangas Gaming racheter Betclic, Expekt et Everest Poker, ou encore Bwin absorber l'un des plus anciens sites de poker (et membre de son réseau), PokerRoom.com. Des rumeurs de fusion entre PartyGaming et Bwin sont également persistantes depuis plusieurs semaines. Dans le même temps, plusieurs petits sites ont fermé leurs portes. Bugsy's Club, Eurolinx ou PitBull Poker ont fait faillite, tandis que Fair Poker était absorbé par Noble Poker, Third Bullet par Cake Poker et Kiwi Poker par William Hill. A n'en pas douter, l'industrie se consolide et il n'y a plus que peu - ou prou - de place pour les petits opérateurs indépendants.

La stratégie agressive de PartyGaming et de Mangas Gaming montre en particulier qu'ils entendent bien jouer dans la cour des grands, et ne plus laisser PokerStars et Full Tilt caracoler en tête. A cela s'ajoute l'arrivée d'autres "poids lourds", notamment de Harrah's, l'un des principaux groupes casinotiers dans le monde, propriétaire des WSOP, qui s'est installé sur Internet tout récemment, ou d'acteurs qui étaient jusqu'alors étrangers à l'univers du jeu d'argent (Sega, par exemple). Les acteurs majeurs du poker sur Facebook, forts de leurs dizaines de millions d'utilisateurs en mode gratuit, pourraient également devenir des opérateurs de poids si la législation leur permettait d'évoluer vers le jeu payant. En France, des accords industriels importants on été noués, tandis qu'on connaît l'intérêt des grands groupes (TF1, Orange) pour le sujet, sans parler des acteurs actuels, FDJ, PMU et casinotiers, qui ont multiplié les alliances ces derniers mois.

La domination du marché par PokerStars et Full Tilt est sans doute une chose du passé. Il paraît certain que l'industrie du poker en ligne ne se résumera plus à l'avenir à l'affrontement de deux géants, et que les leaderships, émanant de cinq ou six groupes puissants, vont considérablement évoluer, au plan mondial comme au plan français, au fil de vastes campagnes marketing et de prises de participation.

 

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