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Poker : la fin de l'âge d'or ?


Opinions
Par David Poulenard   
Jeudi, 11 Octobre 2012 10:06
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Les raisons d'être pessimiste sont nombreuses ! Conséquences funestes du Black Friday, régulation ratée en France et pas forcément beaucoup plus enthousiasmante ailleurs, recul régulier des affluences dans les tournois, tassement de la pratique du cash game sur Internet et en live, scandales à répétition, difficultés économiques pour les acteurs de l'industrie, fermetures des cercles à Paris et de nombreux opérateurs sur Internet, sans oublier les disparitions de tournois de premier ordre avec le Partouche Poker Tour le mois dernier...

Bref de quoi sentir les prémices d'une sérieuse migraine lorsque l'on aime le poker et qu'il occupe une place importante dans votre existence ! Avouons-le d'emblée, c'est plus qu'un petit passage à vide tel qu'en subissent parfois certains domaines d'activité après une croissance débridée le temps d'une saine consolidation.

Certes la crise économique et financière qui touche une grande partie de la planète n'est pas étrangère à ce ralentissement. Le poker est un jeu d'argent et peu de ses pratiquants sont des joueurs gagnants sur le long terme, il est donc indispensable que cette majorité bénéficie d'un contexte financier acceptable pour s'adonner à sa passion, sinon elle s'essoufle d'autant plus vite...

 

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Pas la joie les affluences en Europe...


Que ce soit en France ou dans le reste dans le monde - ou tout du moins les pays industrialisés puisque les pays émergents constituent encore des vecteurs de développement - de nombreux joueurs ont abandonné le poker au cours de ces dernières années. Les raisons sont multiples : pertes récurrentes, intérêt pour l'activité en berne, perception des difficultés réelles pour en vivre, etc. Jusqu'à une période récente ces abandons ou ces ralentissements de la fréquence de jeu étaient compensés par l'arrivée de nouveaux joueurs ; il semble et c'est logique que ce ne soit plus le cas ! Logique ? Oui, après dix ans de croissance où le poker était devenu un phénomène de mode, surexposé à la télé, gorgé de publicités incitant chacun à devenir le nouveau Moneymaker, tous les individus susceptibles de s'adonner à cette activité particulière ont bien essayé à un moment donné...

Aujourd'hui le renouvellement naturel avec en particulier les jeunes générations semblent donc insuffisant. Un phénomène logique donc, mais d'autres facteurs s'ajoutent à celà. Le premier d'entre eux est le niveau global atteint par les joueurs, que ce soit dans les tournois internationaux où les sharks se dévorent entre eux, sur le net où les moyennes limites sont infestées de régulars adeptes du 4-bet-light et même les bonnes vieilles parties de cash game où votre voisin check-raise dorénavant avec le moindre tirage couleur... Autant dire pour paraphraser ce vieil adage du poker qu'on se trouve souvent à se demander si la Dead Money c'est pas nous....

 

crise
crise or not crise ?


Il est donc devenu très difficile de gagner sa vie au poker, à cause du niveau général mais aussi pour des facteurs "économiques". Le rake est cher, notamment en France dans les casinos et sur Internet, les cotisations des cercles ont augmenté, les casinos sont moins généreux avec les joueurs, sans parler de la disparition progressive des écuries de joueurs sponsorisés dans lesquelles ne subsistent plus que quelques pros chevronnés ou de la mise en place dans plusieurs pays occidentaux d'une fiscalité touchant les joueurs de poker.

Moins de joueurs cela signifie moins de rentrées financières pour les entreprises qui vivent du poker. On l'a vu avec l'arrêt du Partouche en septembre et de manière globale avec les difficultés de l'entreprise, mais on le constate aussi régulièrement avec la disparition de rooms sur le net (et pas forcément des petites) alors qu'il n'y a plus que trois cercles à Paris et que ceux-ci ne sont pas forcément plus remplis qu'à l'époque où il y en avait le double.

Parallèlement les acteurs de l'industrie du poker souffrent par ricochet et ce ralentissement engendre des difficultés dans toute l'activité. Les rooms online et autres casinos diminuent leurs investissements, ce dont patissent médias, organisateurs de tournois et l'ensemble des secteurs de la filière, tout en générant un cercle vicieux car moins de publicité signifie moins de joueurs...

Alors c'est donc la crise ? Oui ! Et non !

Non car si l'on excepte le glorieux âge d'or que nous venons de vivre, il n'y a jamais eu autant de joueurs de poker qu'aujourd'hui ! Si on remonte seulement une quinzaine d'années en arrière le poker c'était une demi-douzaine de tables dans les cercles parisiens et quelques parties privées organisées soit chez le notable du village, soit dans l'arrière-salle enfumée d'un bar pas touours bien fréquenté, pour le reste de l'hexagone... Quant aux tournois de poker, le Main Event des WSOP avait enregistré 350 inscriptions en 1998. Que de chemin parcouru depuis !

Aujourd'hui ce sont des millions de joueurs qui s'adonnent à leur passion aux quatres coins de la planète, en live ou sur les tables virtuelles par la magie d'Internet qui a révolutionné l'univers du poker. Dans le même temps en France, on peut jouer partout, la majorité des casinos proposent des pokerrooms, les parties privées sont nombreuses et bien sur Internet fraichement régulé offre des milliers de tables, tournois et sit n go pour tous les budgets !

Des magazines et sites spécialisés existent, des émissions télévisées aussi, les publications littéraires ne se comptent plus et les passionnés - en plus de trouver pléthore d'offres pour jouer - bénéficient de toutes les informations nécessaires à la pratique du jeu.

En matière médiatique, le développement de tournois à buy-ins élevés qui regroupent les stars emblématiques de la discipline (même si l'EPIC a constitué une première tentative conclue par un échec cinglant) et la mise en place de classements à la visibilité réelle à l'instar du GPI contribuent à créer un circuit professionnel de référence susceptible de passionner les amateurs de poker et peut-être d'intéresser les publicitaires.

Et si l'Europe qui subit de plein fouet la crise économique connait une légère baisse de son activité poker - une baisse d'autant plus relative que le poker y avait enregistré une croissance extraordinaire - le reste de la planète est là pour soutenir le développement du jeu. Malgré l'interdiction du jeu en ligne, le poker continue de connaître un engouement constant aux Etats-Unis, notamment les tournois qui depuis quelques mois bénéficient d'affluences records. Et lorsque l'on sait qu'à terme la libéralisation interviendra - surtout si les républicains restent concentrés sur l'organisation de tea party - on peut raisonnablement anticiper une nouvelle explosion aux States.

 

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Toujours autant de monde aux WSOP !


Une libéralisation, même partielle,y  aurait pour conséquence l'organisation de nouveaux tournois, des marchés potentiellement juteux pour les opérateurs en ligne, des émissions de poker de qualité, etc. Dans le poker comme dans d'autres activités, les Etats-Unis restent le pays qui amorce les tendances... De quoi conserver une once d'optimisme...

Et s'il existe un autre pays dans le monde dont l'influence croît chaque jour c'est la Chine, une contrée de joueurs qui s'éveillent progressivement au poker. Pour l'instant celui-ci est cantonné - avec quel éclat - à Macau et dans quelques régions bénéficiant d'exemptions, mais tous les signes sont au vert pour que les Chinois arrivent par milliers. Un développement attendu aussi pour d'autres pays émergeants, pays de l'est, Brésil, etc.

S'il est difficile en ces temps troubles, notamment en matière économique et sociale, de prévoir l'avenir, on peut néanmoins estimer que malgré le ralentissement indéniable que rencontre le poker depuis un an sa pratique reste développée et que les signes d'espérance pour que son engouement subsiste et son nombre d'adeptes ne baissent pas existent. Si l'âge d'or du poker, qui a vu l'argent couler à flôt et les bons joueurs se construire bankroll et palmarès facilement, est derrière nous il se pourrait bien que l'âge de raison, avec un poker structuré, des tournois de qualité, des joueurs meilleurs de jour en jour et des opérateurs responsables, soit devant nous.

 

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PLAYER OF THE YEAR FRANCE


Nom
Score  
1
Bertrand
Grospellier
913.346

2
Aubin
Cazals
648.193

3
Bruno
Lopes
584.403

4
Fabrice
Soulier
556.576

5
Phillippe
Ktorza
554.291

6
Roger
Hairabedian
531.619

7
David
Benyamine
528.491

8
Alain
Roy
467.549

9
Lucille
Cailly
423.553

10
Paul
Guichard
418.656



Top 100 France


Nom
Score  
1
Bertrand
Grospellier
2730.56

2
Fabrice
Soulier
2077.77

3
Roger
Hairabedian
2057.64

4
David
Benyamine
1933.44

5
Phillippe
Ktorza
1757.99

6
Aubin
Cazals
1633.6

7
Tristan
Clemencon
1590.55

8
Bruno
Lopes
1578.09

9
Alain
Roy
1472.2

10
Ludovic
Lacay
1403.34