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Le floating

Stratégie
Par Germain Gillard   
Vendredi, 03 Avril 2009 20:17

Le floating ou bluff à retardement


Aujourd’hui l’immense majorité des joueurs ayant pris l’initiative préflop effectuent le plus souvent une mise de continuation au flop, qu’ils aient ou non une main légitime. Il faut donc s’adapter et se donner toutes les chances possibles de remporter un pot en contrant ces continuation bets devenus trop systématiques. Pour cela le floating est une arme qui s’est largement démocratisée et qu’il convient de maîtriser.


Effectuer un floating est un bluff à retardement puisqu’il se réalise en deux temps, tout d’abord on suit la mise de notre adversaire au flop, en soupçonnant de la faiblesse, dans le but de lui arracher le coup au turn dans un second temps. Bien souvent, face aux joueurs peu aguerris n’étant pas adeptes du concept "calling station attitude", cette technique s’avère très rentable.

Elle permet de ne pas abandonner un pot à chaque fois que l’on ne rencontre pas le flop, en s’appuyant sur le fait que notre adversaire, lui non plus, ne le rencontrera pas souvent. Dans cette optique un "flat call" présente plusieurs avantages :

-   sur une grande majorité de flop on ne dévoilera en aucun cas la nature et la force de notre main, juste suivre un continuation bet peut représenter tout autant un tirage, une main de force moyenne ou bien encore un monstre sous-joué, la décision de notre adversaire au turn n’en sera que plus délicate.

-  le floating étant un bluff par définition, nous n’avons aucune raison de faire grossir le pot, relancer ici serait contre-productif et nous forcerait à jouer un gros pot avec une main "bancale", bluffer en limitant les risques est préférable dans ce genre de situation, gardons le contrôle du pot.

-  un flat call permet aussi de s’appuyer par la suite sur une éventuelle carte inquiétante (scary card) au turn pour arracher le coup, notre passivité au flop pourrait très bien représenter un tirage, il nous sera alors possible de mettre la pression sur l’adversaire si une carte complétant d’éventuels tirages fait son apparition, cela accroît donc nos possibilités de crédibiliser "l’histoire" que l’on tente de mettre en place.

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D'abord tendre un piège en callant l'air de rien...

Dès lors, bon nombre d’adversaires, n’ayant rien en main, ne s’accrocheront pas au turn et nous pourrons ainsi remporter le pot facilement par une mise. De plus, il sera difficile à ceux possédant une main moyenne de rester en jeu s’il leur est offert de l’action au turn, a fortiori si une scary card tombe. Ainsi, bien souvent dans ce genre de situations, l’adversaire "floaté" checkera le turn et abandonnera face à une mise de notre part,  à hauteur de la moitié ou des trois quarts du pot. Bien que le floating soit relativement connu aujourd’hui, trop de joueurs faiblissent encore au turn et ne s’accrochent pas, ce qui rend encore très profitable cette technique.

En revanche certains ne se montreront parfois pas aussi dociles, s’ils ne faiblissent pas il peut s’avérer très dangereux de s’aventurer plus loin dans un bluff sans une lecture très pointue de la situation. Trop peu de joueurs sont capables d’envoyer une 2e cartouche au turn avec une main faible, dans ce cas et dans le doute, donnons leur un peu de crédit en abandonnant notre tentative, des situations plus profitables et moins risquées se représenteront sûrement par la suite. Dans le même ordre d’idée, si nous subissons un check raise ici nous ne serons que très rarement confrontés à un bluff, il faut donc savoir s’avouer battu le moment venu et ne pas s’entêter.

Mais pour mettre en place la technique du floating il faut respecter quelques conditions préalables et savoir identifier les situations profitables.


Conditions de mise en oeuvre

Encore et toujours la position joue ici aussi un rôle primordial, facilitant grandement notre bluff, en parlant derrière notre adversaire nous le mettons dans une situation très inconfortable. De plus le floating est à utiliser prioritairement en tête à tête au flop, pour des raisons évidentes un bluff se placera plus aisément au cours d’une main engageant peu de joueurs. Ensuite il convient de bien cibler notre "victime", privilégions en premier lieu les joueurs conservateurs prenant peu de risques, si ceux-ci sont peut-être capables de miser en bluff au flop, ils auront toutefois du mal à poursuivre au turn. Entre autres les joueurs classiques, adeptes du style serré agressif, sont des cibles intéressantes ici, ils détestent voir un adversaire s’accrocher quand ils n’ont pas une main de premier choix.

La taille des tapis doit aussi être prise en compte, il doit y avoir un minimum de profondeur, n’allons pas nous amuser à floater quand nous et/ou notre adversaire pourrions nous retrouver comités au pot dans la suite du coup.

Enfin, attention à la nature du flop, inutile de tenter un floating quand un adversaire au panel de mains présumé restreint a de grandes chances d’avoir touché un flop du style As high. Choisissons plutôt des situations où les flops sont anodins à première vue ou au contraire, ceux présentant de nombreux tirages. En effet dans ce dernier cas de figure, un flop effrayant peut refroidir notre adversaire et de plus nous aurons la possibilité de bénéficier de nombreuses scary cards au turn pour appuyer notre bluff.

Il va de soi ici qu’il ne faut pas rentrer dans un style trop systématique, ne tentons pas non plus de "floater" tout le temps, soignons notre image, cela ne rendra que plus plausibles nos actions.

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Puis contre-attaquer violemment


Illustration


Nous sommes à une table de cash game NL100$, short handed, tous les tapis sont compris entre 80 et 120$. Un joueur tight agressif relance à 3$ utg+1, nous suivons au bouton avec J-10 à carreau . Les blinds passent et le flop tombe .

Notre rival effectue un continuation bet standard à 6$, le style de jeu plutôt classique de notre "victime" permet de réduire son panel de mains présumé à 22+ et A10+ , éventuellement K-Q. Ce flop a peu de chances de l’avoir aidé et comme il offre plusieurs possibilités de tirage, beaucoup de cartes effrayantes peuvent venir au turn pour nous aider à arracher le pot, nous avons même quelques petites portes de sorties avec un tirage quinte ventrale et des tirages backdoor. Nous suivons donc ces 6$, le pot fait maintenant 21$.

Au turn si notre adversaire check nous miserons quasiment 100% du temps aux environs de 16$ et nous devrions remporter le coup la plupart du temps. S’il check-call il nous reste encore des opportunités de prendre le pot à la rivière en fonction de l’évolution du tableau.


Quelques adaptations au floating

Parce que nous pourrions aussi bien être le "floaté" que le "floateur" il existe quelques armes pour contrer les adversaires semblant effectuer régulièrement un floating à notre encontre.

- bluff two barrel, si nous envoyons une 2e cartouche conséquente au turn en soupçonnant la faiblesse de notre adversaire, nous pourrons faire passer un grand nombre de ses mains.

- check raise au turn en bluff, cela est très périlleux et nécessite une bonne profondeur de tapis, mais ce move représente énormément de force et devrait faire sortir du coup tout joueur n’ayant pas une main de 1er choix, à n’utiliser toutefois qu’avec grandes précautions et une solide lecture.

- check  pour induire un bluff, si notre adversaire veut nous bluffer quand nous avons une main ayant de la valeur, alors faisons lui plaisir pour une fois et laissons le faire.




Le floating est donc une arme de premier choix pour bluffer certains coups, en ayant un plan crédible et en sachant reconnaître les situations profitables nous pourrons sans trop de risques nous approprier un nombre de pots plus importants. Enfin évitons d’être trop lisible et varions notre jeu, n’abusons pas du floating, sachons aussi faire l’inverse en "floatant" nos grandes mains.




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