|
"Quand tu auras 21 ans, je t'emmènerai à Vegas." C’est ce que mon père, Michel Leibgorin, joueur de Poker, me dit depuis mes 10 ans. J’ai eu 21 ans et here I was : Las Vegas. Mon papa n’avait pas bluffé sur ce coup là. Un père qui promet à sa petite fille de l’emmener à Sin City ce n’est pas commun, non ? Il faut dire que mon père n’est pas ordinaire : mon père, c’est un joueur de poker.
. My daddy’s cool !
Quand on a un papa joueur de poker, on s’la pète :
- Il fait quoi ton père ?
- Il est comptable.- Ah... Chouette...- Et le tien ?- Il est joueur de poker professionnel.
- Pour de vrai ? Ouaw ! Trop cool !
Bon... La suite est moins sympa... :
- Et il gagne beaucoup ?
- Heu...
- Allez dis ! Il gagne beaucoup ?
-Ouais ! Bien sûr ! Mais tu sais, il ne faut pas trop en parler de tout ça... C’est un peu dangereux... Avec la mafia et tout....
Il m’aura au moins appris à bluffer, c’est déjà ça...
Je m’amuse toujours de voir que le poker est encore associé à l’image de la mafia. Ce qui ferait donc de mon père un genre de gangster... C’est d’autant plus amusant quand on sait que mon papa prend son café en chantonnant "Ah si j’étais riche" et qu’il verse occasionnellement une larme devant un feuilleton à l’eau de rose... Drôle de gangster, non ?
Sacré gangster...
. L’agence tous risques.
Une fois le choc de la révélation passé, vient l’inéluctable inquiétude : "Mais c’est risqué, non ?". Ce à quoi je réponds fièrement que non, ce n’est risqué que pour les mauvais joueurs. Et oui, je ne me suis jamais inquiétée des risques que prends mon père en jouant pour la simple et bonne raison, qu’en bon joueur de poker, il a la tête sur les épaules. Il gagne plus qu’il ne perd et c’est tout ce que j’ai besoin de savoir (Ça, et le fait que, sur PokerStars, certains joueurs quittent la table quand ils voient apparaître "Schmattes").
Mais je ne me prive pas de laisser entendre à mes amis que le flingue scotché sous la table de jeu est toujours de rigueur. C’est bien plus drôle de les laisser imaginer mon père en "bad ass" avec la voix de De Niro : "You’re talking to me ?".
Schmattes à Vegas
. Un vrai métier ?
Avoir un père joueur de poker, ça a ses avantages : la crédibilité. Mon papa joue aux cartes pour gagner sa vie, alors il peut se lever de bonne heure pour que je bosse pour la fac !
- Papa, j’ai décidé de faire comme toi. Je vais jouer aux cartes pour gagner ma vie.
- Non. Va bosser ton droit.
- Si. Je vais être joueuse de bataille professionnelle !
- Va bosser ton droit ou je te coupe les vivres.
Après tout le droit c’est pas si mal...
. Mon papa à moi, c’est mon gangster.
En fait, avoir un père joueur de poker ce n’est pas si mal. Quand il gagne tout le monde est content, quand il perd j’ai le plaisir de pouvoir le charrier. Que du bon !
Et puis, c’est sympa d’avoir un père avec une petite notoriété dans son domaine, il a même une main a son nom : vous avez déjà joué une Leibgorine ?
Mais Michel Leibgorin c’est avant tout le Roi de la déconne, le prince de ces Dames, et l’As de mon coeur.
Il ne gagne pas toujours, mais je peux vous dire qu’aux World Series of Papa, il aurait tous les bracelets.
Michel "Leibgorin" De Niro et Fiona !
Fiona Leibgorin
|
